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Le documentaire

 

 

ÉVOLUTION HISTORIQUE: le XIXème : des genres indéfinis

Le premier film des frères Lumière : la sortie des usines Lumière. Le film a été tourné plusieurs fois, les ouvriers, endimanchés, ont accéléré le rythme afin que la sortie de tous dure le temps de la pellicule.

C'est cependant bien une sortie d'usine au XIXème, ce sont bien les ouvriers, les déplacements ne sont pas réglés, un chien passe, etc...

On trouve ici les trois points d'ancrage du documentaire : espace, temps, hasard.

Mais on est aussi en présence d'un jeu, de costumes et donc d'éléments de fiction.

Avant eux, le film est un projet scientifique et donc un cinéma documentaire :  chronophotographie de Muybridge et Marey.

Avec les Lumière, les éléments sont contrôlés par l'opérateur, mais l'on reste dans le documentaire.

Méliès, très imaginatif, proche du théâtre avec ses tableaux est complètement dans l'univers de la fiction.

 

La sortie des usines Lumière

Muybridge et Marey: décomposition de la marche - profil


  ÉVOLUTION HISTORIQUE: XXème : éléments fondateurs des genres

Les temps difficiles et le documentaire pour témoigner.

Les bouleversements du début du XXème déclenchent une prise de conscience politique chez les cinéaste et amène leur implication dans la représentation de la réalité. Les deux guerres, la crise de 1929, l'holocauste, la révolution bolchevique fondent le documentaire.

La lourdeur de la machinerie nécessaire au cinéma parlant l'exclue de la pratique documentaire. De ce fait on utilisera les sous-titres, ce qui le rend moins adapté à la diffusion dans des salles de cinéma. Il ne subsiste que sous la forme appauvrie des actualités télévisées projetées avant le film de fiction (des images de sujets choisis pour leur retentissement: guerre, dépression, Jeux Olympiques ou pour leur côté mondain: mariages et couronnements princiers, grands prix hippiques. La séparation des genres est consacrée.

Les États utilisent le documentaire pour leur propagande : Roosevelt et le New Deal, les soviétiques et la Révolution. Les nazis l'utiliseront aussi pour la propagande, mais en détournant le sens des images, en introduisant des scènes "jouées".

Du côté des cinéastes un réflexion s'opère

Vers la fin des années 20, les cinéastes qui ont connu la première guerre feront un cinéma du "vrai"

Les soviétiques mènent une réflexion sur le cinéma, sur le documentaire et sur l'image du réel en particulier : Vertov "l'homme à la caméra", Eisenstein "le cuirassé Potemkine".

La deuxième guerre et la découverte des camps font perdre aux cinéastes leur innocence ontologique.  Le documentaire sera là, à la fin de la guerre filmer les camps (films de Stevens (visibles notamment dans le projet d'un passeur de Serge Daney), "Nuits et brouillards" de Resnais), filmage des procès (Tokyo, Nuremberg). On ne raconte pas, on montre et se pose le problème de comment montrer ? .

L'émergence de la télévision et le documentaire à l'épreuve.

L'école du grand reportage: progrès technologique et élargissement de l'horizon de l'information

Les progrès technologiques : les caméras 16mm légères (deuxième guerre mondiale), le Nagra (magnétophone portable) dans les années 50, donnent un nouvel élan au travail sur le terrain.

Les reportages et documentaires pour la télévision vont rechercher les informations à la source: "5 colonnes à la Une" (Pierre Lazareff, Pierre Desgraupes, Pierre Dumayet ) est la première grande émission de magazine télévisé; elle est consacrée à la politique intérieure et internationale ainsi qu'aux grands sujets de société. "Les femmes aussi" (Eliane Victor) propose des documentaires approfondis sur des sujets de société vus à travers des expériences individuelles de femmes.

Le documentaire hors des circuits traditionnels

Dans le cinéma occidental, la dimension documentaire devient à la fois un genre à part et un élément influençant la fiction. Des créateurs très politisés, parfois issus de la Nouvelle Vague, participent  une écriture documentaire nouvelle: Godard, Jean Rouch (fictions sur des bases documentaires: vrais personnes, vraies situations), Wiseman, Chris Marker.

Dans le même temps le Journal Télévisé impose les news, une réduction du genre reportage un condensé de ce que les équipes rédactionnelles considèrent comme intéressant pour le spectateur.

Le documentaire disparaît complètement de la télévision après 1968 en France; les documentaristes vivent sur des circuits parallèles associatifs généralement militants.

Le retour du documentaire

Dans les années 80 le documentaire revient à la télévision sous plusieurs impulsions:

Un marché : De nouvelles chaînes apparaissent en national: Canal +, M6, La Cinq, La Sept. La demande de programme s'accroît fortement.

En plus des programmes de flux (information JT, émissions de plateaux, de jeu), la télévision recherche des programmes de patrimoine (animation, fiction, documentaire). Des cases documentaires apparaissent sur Canal + et La Sept (sous la direction respective de Catherine Lamour et Thierry Garel)

Des créateurs : Avec le développement de la vidéo légère, l'enseignement du cinéma sous toutes ses formes se développe à l'Université (puis dans les lycées). De nombreux jeunes vont chercher à travailler dans ce milieu, créant souvent leur propre entreprise de vidéo institutionnelle mais tournant des documentaires pour leur propre intérêt.

Des créateurs indépendants vont se retrouver chez quelques grands producteurs: pour le documentaire Les films d'ici, Ardèche-Images, pour le documentaire animalier Gamma TV, pour le reportage Capa. En 1985 la "Bande à Lumière" qui regroupe des créateurs définit le documentaire de création; démarqué du reportage, il représente aujourd'hui en France un label reconnu du CNC et permettant l'intervention du fonds de soutien.

En 2001, en France, près de 500 producteurs ont reçu un soutien du CNC pour 2250 films.

Pour une histoire assez précise du documentaire, bien qu'un peu focalisée sur le Canada, suivre ce lien-ci. ainsi que celui-là.

 

 

 

 

"Je suis le ciné-oeil,
je suis l'oeil mécanique,
je suis la machine qui vous montre
le monde comme elle seule peut le voir.
Désormais je serai libéré
de l'immobilité humaine.
Je suis en perpétuel mouvement,
je m'approche des choses, je m'en éloigne,
je me glisse sous elles, j'entre en elles;
je me déplace vers le mufle du cheval de course,
je traverse les foules à toute vitesse,
je précède les soldats à l'assaut,
je décolle avec les aéroplanes,
je me renverse sur le dos, je tombe
et me relève en même temps que les corps
qui tombent et se relèvent..."


Dziga Vertov, Manifeste de Kinoks, 1923

 

 
 
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