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ECOLE DU CINEMA ET DE LA VIDEO |
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La caméra |
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Lorsque l'on choisit de filmer quelque chose ou quelqu'un, la camera va révéler la scène visuellement au spectateur selon un statut qu'il convient de définir. La question est: qui est la caméra? Et les 3 réponses possibles sont: un personnage de la scène, le narrateur de l'histoire ou un témoin. Ce choix induit trois manières différentes de filmer. Caméra subjective Le statut le plus communément identifié est celui du personnage: la caméra subjective. Ce statut permet une très bonne identification au personnage, mais à condition qu'on sache qui est le personnage. Si un film était uniquement tourné en plan subjectif, on aurait du mal à savoir qui on est. De ce fait, le personnage doit être vu regardant avant ou après le plan subjectif. On peut aussi comprendre le regard subjectif si un autre personnage adresse du regard la caméra avant ou après le plan subjectif. Une autre possibilité, plus énigmatique consiste à montrer un plan subjectif sans révéler immédiatement qui est le protagoniste: on sème alors le doute dans l'esprit du spectateur, et on fait peser sur la scène la menace représentée par ce témoin voyeur et non visible. Caméra témoin C'est le statut à l'essence du cinéma: L'arrivée du train en gare de La Ciotat des Frères Lumière. Le statut correspond à celui du spectateur: -il regarde ce qui se passe: plans fixes -il suit l'action: plans mobiles Le choix est celui de l'effet souhaité sur le spectateur: passif, il observe, explore l'intérieur de l'image, anticipe, actif, il participe à l'action et se fait surprendre. Caméra narrateur Le point de vue est extérieur. Ce statut permet de se rendre compte de la situation en en donnant une vue d'ensemble. Lorsqu'il y a des mouvements de caméra, cela permet même d'associer plusieurs points de vue différents (par exemple on passe de l'avant d'une scène - "face visible" - à l'arrière - "face cachée". La caméra est amenée à prendre ainsi des positions peu vraissemblables comme une vue extérieure d'un appartement au sommet d'un immeuble, point de vue que personne n'a jamais, regard "de dieu". Toutefois ce statut unique conduirait à se placer trop à l'extérieur, en retrait du récit et il est rarement unique. En fait les films combinent les statuts de caméra. Parfois même le statut de la caméra change dans le plan: on passe de témoin à narrateur. L'utilisation de l'un ou l'autre des statut correspond à la volonté du réalisateur soit de faire comprendre clairement ce qui se passe, soit de créer une ambiguité, un doute, générateurs de suspens, d'attente, de méfiance, d'angoisse. |
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L'image est certes plate, mais en réalité le récit se développe frontalement et en profondeur. Les débutants n'utilisent souvent que très peu la profondeur: les plans montrent une narration frontale (par exemple deux personnages se parent côte à côte), généralement même à une hauteur unique (personnages assis ou debout) tandis que le montage permet de voir d'autres aspects de l'espace. Même les travellings ne servent souvent qu'à accompagner des personnages qui avancent. Or le récit visuel est considérablement enrichi par l'utilisation optimum du cadre: relations entre le haut et le bas du cadre, entre la droite et la gauche, entre l'avant (premier plan) et l'arrière (arrière plan); quand aux travellings ils peuvent amener de nouvelles relations à l'espace et à l'action. La distance caméra/sujet peut être grande et indiquer au spectateur un espace qui le sépare, donc éloigner le personnage de nous. La distance peut être un obstacle lorsque la caméra laisse voir le sujet à travers les barreaux de sa prison. Elle peut aussi créer un lien lorsque la mise au point passe d'un avant plan à un arrière plan ou inversement.(La caméra mesure ainsi la distance par l'optique; elle peut la mesurer aussi par le mouvement d'appareil) |
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Elles découlent directement du statut et de la définition du contenu du cadre dans sa profondeur. La position de caméra est aussi étroitement liée au mode de production, c'est-à-dire au type de caméra utilisé. Une caméra légère de type DV, très maniable, peut-être placée n'importe où: portée à bout de bras, posée sur le casque d'un skieur, immergée dans un caisson sous-marin. Une caméra 35 mm Panavision nécessite des techniciens et sa mise en oeuvre est plus longue et plus difficile; on peut certes la placer dans bien des positions, mais on ne peut guère improviser; en outre le réalisateur doit décrire ce qu'il souhaite, il ne peut simplement essayer lui-même la position (sauf quelques cas de réalisateurs/cadreurs comme Claude Lelouch ou Luc Besson). La "pensée du plan" est donc directement conditionnée par son mode de production. |
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