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L'interview

1  INTERVIEW: LE POIDS DES TÉMOINS: les contacts
L'interview est une technique audiovisuelle répandue, donc familière, mais néanmoins très difficile à bien mener, pour de multiples raisons qui provoquent souvent des réactions opposées: intimidation créée par la caméra ou diarée verbale face au pouvoir des medias, volonté de dire ou désir de cacher du témoin, excès de questions ou manque d'approfondissement du questionnement du journaliste, etc...
En premier lieu, dès l'enquête, il faut être averti d'un paradoxe : en rencontrant un témoin, on veut à la fois connaître sont potentiel, mais il faut en même temps éviter de le faire parler. On ne doit jamais "éventer" l'interview lors du contact; il faut sentir les possibilités du témoin. Flairer le personnage c'est apprécier les informations et émotions qu'il pourra communiquer. Une personne ne répètera jamais deux fois avec la même intensité, la même émotion, la même vérité un témoignage. Il ne faut donc pas la "griller", car (l'éthologie le montre) il existe un ensemble de signes visuels dans les gestes, les regards, les visages, les attitudes qui ajoutent à la parole et ne seront en oeuvre que la première fois.

Quelquefois il conviendra de laisser passer du temps à partir des premières prises de contact.

Pour les personnes qui souffrent d'une absence de communication l'attitude la plus fréquente est:  

-d'abord un blocage plus ou moins fort

-ensuite ils auront besoin de se débloquer et de se raconter, et là il faut être prêt avec la caméra.

Il existe une pratique de l'approche; il faut bien sentir les choses, puis rationaliser.

Il faut sortir la personne de son univers pour faire tomber ses défenses, ne pas faire celui qui cherche à percer ce que la personne veut cacher. Les relations personnelles peuvent permettre de voir la personne en dehors de son contexte. Surtout, il faut respecter la personne.

Les approches doivent se faire de personne à personne, pas à plusieurs.

Bien sûr ces considérations jouent davantage sur la catégorie d'interview narrative (cf ci-dessous).

 


2  INTERVIEW:, LE POIDS DES TÉMOINS: savoir convaincre
Il faut que l'interviewé trouve un "intérêt"dans l'interview; il s'agit d'établir un échange.
Plusieurs raisons motivent une interview :

-le militantisme: la personne a un message à délivrer, veut promouvoir quelque chose. C'est le cas du militant politique, mais aussi du commercial qui promeut un produit, du représentant d'une association, du passionné des jardins qui veut faire partager son engouement, du chercheur qui veut faire connaître sa découverte.

-le fait de se montrer, de passer à la télé, c'est sur ce répertoire que fonctionnent les émissions de télé réalité

-la gentillesse : la personne accepte pour vous faire plaisir, vous rendre service : cas des voisins, parents, amis, mais aussi de gens avec qui on a pu établir une relation de confiance

-la personne peut tout simplement se sentir valorisée par le fait qu'on s'intéresse à elle.

-l'intérêt financier : plus rare, mais n'est pas  omettre, soit chez les très pauvres (enfants mendiants des dépôts d'ordure brésiliens) soit chez les très riches (une interview de Henri Kissinger est payante)

Il faut parfois avoir recours à un médiateur.

En tous cas la personne doit être sécurisée et valorisée. Sécurisée vis à vis de ce qu'elle va dire, mais aussi vis à vis de tout le dispositif technique du tournage (c'est particulièrement net avec les personnes agées). Valorisée, parce que souvent les témoins ne se rendent pas compte de l'importance de leur témoignage, de sa portée.

 

3  TYPES D'INTERVIEWS
On distingue trois types de relations à l'interview:
- informative au sens strict: faite auprès du "spécialiste" ou du "savant" (médecin, historien, collectionneur, boucher parlant de boucherie, etc... Le questionnement peut être préparé d'avance (mais jamais lu pendant l'interview). A ce type se rattache l'interview "news politiques à l'américaine": le politicien, le juge, le personnage officiel sont harcelés de questions courtes et directes (et embarrassantes) par le journaliste; il faut très bien connaître ses buts dans ce cas là; souvent le journaliste cherche à piéger celui qui cache une partie de la vérité.

-narrative: c'est la dimension vécue qu'apporte le témoin; il faut le motiver, savoir éveiller sa mémoire parfois mise en sommeil par le temps. Elle est porteuse d'émotion. La notion d'interview acquiert son plein sens dans ce cas. Cependant, s'il convient en premier lieu de savoir écouter, il faut aussi être à même de stimuler la mémoire et la réflexion du personnage par des questions appropriées. Il est donc fondamental de ne pas se présenter au personnage en n'ayant aucune connaissance de la question. Il faut au contraire avoir une bonne connaissance qui permette d'éviter les banalités, de confronter le témoignage  une réalité qu'on peut estimer différente, d'obtenir des réactions. Les témoins peuvent en effet omettre des aspects entiers pour différentes raisons : oubli, omission délibérée (il veut cacher quelque chose), simplification (il ne pense pas que les détails vous intéressent).

Le cas du témoin professionnel est rencontré assez souvent par les débutants : il s'agit de personnages qui donnent une impression de spontanéité, de réflexion, mais n'ont en fait qu'un discours qu'ils répètent sans cesse à ceux qui l'écoutent : on peut ranger ainsi les philosophes de cafés, les clochards pseudo intellectuels, les colporteurs de ragots en tous genres.

-micro-trottoir: c'est l'effet  sondage qui est recherché, et on veut du "quidam" de la rue un "sound-bite", c'est-à-dire un segment de phrase très significatif et très dense. On a là une manipulation véritable du spectateur par le journaliste. Il est en effet évident que l'équipe de tournage qui va dans une rue commerçante pour rencontrer le plus de personnes pour son micro-trottoir pose des questions à des gens dont la préoccupation est toute autre. Les réponses sont ensuite triées pour refléter une prétendue opinion publique, qui n'est que celle du journaliste ou de sa rédaction. Toutefois le micro-trottoir est parfois utilisé avec plus de déontologie lorsque il est un prétexte à faire réagir en plateau par exemple, des invités ; il s'agit là d'une technique cosmétique, d'un habillage.

 
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