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Le scénario

  Le non-dit

Comme dans toute réalisation, audiovisuelle notamment, le non-dit est le plus opérant des moyens de communiquer avec spectateur. Il doit ressentir les choses, s'imprégner des atmosphères, se positionner par rapport aux personnages, se prendre au jeu des situations. On obtient une telle implication par le non-dit. Comme dans la vie, ce sont souvent les actes qui comptent plus que les mots. On se sent plus aimé par des marques d'affections que par l'énonciation de la phrase "je t'aime". Au cinéma on est convaincu de la haine par la vision de comportements hostiles bien plus que parce qu'un personnage explique dans un dialogue qu'il déteste l'autre. Au niveau de la scène comme  celui du film, on comprend d'ailleurs aisément que le film est un récit et non un discours, On peut certes se faire raconter le film par quelqu'un, mais cela ne peut remplacer le fait de l'avoir vu, donc d'avoir éprouvé, face au film des impressions et émotions. Lorsque l'on écrit un scénario, il ne faut pas perdre de vue cette nécessité impérative de communiquer par le non-dit.

 


  Le décalage de l'information

On va donc créer une histoire, mais c'est une deuxième étape du scénario qui consiste à la raconter. Il existe en effet pour une histoire trois niveaux différents de connaissances:

            -la connaissance de l'auteur: l'auteur connaît la totalité de l'histoire, du début à la fin, avec tous les éléments qui s'y rattachent

            -la connaissance du spectateur: elle est ce que l'auteur décide qu'il saura; l'art consiste donc à informer le spectateur selon la réaction que l'on escompte. Le spectateur découvre au fur et à mesure, dans un ordre qui n'est pas nécessairement celui de la chronologie absolue (c'est le cas lorsque l'auteur utilise le système du flash-back qui permet au spectateur d'avoir la connaissance d'événements antérieurs. Dans Le dernier empereur, on découvre l'Empereur à la moitié de sa vie, quand il arrive en camps, puis par flash back on le voit tout petit; le spectateur a donc connaissance de deux temps de la vie du personnage, mais ne sait rien de ce qui s'est passé entre ces deux époques; l'auteur lui sait tout, de même que l'Empereur. Mais l'auteur sait aussi ce qui va se passer après cette gare ou arrivent ces déportés dont l'Empereur, mais ni le spectateur ni l'Empereur ne le savent.

            - la connaissance des personnages: c'est là aussi l'auteur qui la détermine. Si les personnages connaissent généralement leur propre passé, ils ne connaissent pas leur avenir, ils ne connaissent pas non plus les faits expérimentés par les autres. Par contre le spectateur pourra avoir une connaissance relevant de l'ubiquité (il voit le héros agir dans un lieu, et son ennemi arriver derrière la porte); la connaissance décalée des personnages et du spectateur est la base des mécanismes de suspens, attente ou détournement d'attention du spectateur. C'est donc là que se trouve un des ressorts de la dramaturgie.

Ainsi il n'existe pas une histoire, mais des histoires. Le travail de scénarisation consiste donc a établir la connaissance de l'auteur, puis de l'organiser pour déterminer  la connaissance du spectateur, c'est à dire la manière dont le spectateur va acquérir la connaissance de la globalité de l'histoire.

 

  Les problèmes de réalisation

 Tout inventer

Une difficulté majeure du film de fiction est que l'image et les sons ne seront que ce que le réalisateur aura décidé, ici pas de réel vécu comme soutient, comme c'est le cas en reportage. Les rapports psychologiques et humains sont à recréer; les personnages doivent être crédibles, et donc les situations doivent être crédibles.

Par ailleurs l'écriture du scénario ne doit pas ignorer le côté spectacle du cinéma de fiction, et l'important est de le conserver, donc de travailler l'histoire dans cette perspective. N'oublions pas que tout autant que l'histoire, la manière de la raconter importe. De cette conception on peut déduire que le recours à la narration off est à bannir, en ce sens que la voix off substitue le dit au non-dit qui est l'essence de la fiction.

Ordre chronologique et ordre narratif

L'ordre chronologique c'est l'ordre des évènements: au cinéma ce mode d'organisation pose deux problèmes: des évènements peuvent se produire simultanément et il est difficile de reproduire cela d'une part, d'autre part la succession dans le temps n'est pas toujours satisfaisante pour maintenir l'intérêt dramatique.

L'ordre narratif est donc fréquemment amené à bouleverser la chronologie par le recours au flash back ou au flash forward. L'ordre narratif est celui du film.

 

 
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